Depuis que nous avons jeté notre dévolu sur cette maison, ce terrain, je constate un fait marquant : il existe un peuple des jardins !

Sur notre planète bleue, les êtres vaquent, les uns de manière exubérante, les autres plus discrets, trolls, elfes, djinns et autres korrigans surveillent les allers et venues des êtres du soleil, ceux qui vont sous le ciel bleu. Dans le jardin, on voit descendre en piqué les hordes de mésanges ayant, tel l’aigle royal, déjà repéré la graine de tournesol qui enjolivera leur journée ; le merle ne se cache pas, au contraire, il prend tous les risques, faisant fi des matous qui guettent le moindre égarement, quoique  la neige ait vite raison de leur patience… la sittelle descend en rappel tous les arbres de la cour, le geai vient faire irruption dans le harem des mésanges et s’impose en maître absolu le temps d’une minute. Rouges-gorges et pinsons se partagent les territoires du pigeonnier dérangés par les friquets qui impressionnent car, en bande rangée ! Et puis il y a les autres, ceux dont on parle moins, ceux que l’on ne voit pas souvent : pics épeiche, faucons, chouettes et buses, coucous printaniers, aussi nombreux que les précédents mais plus discrets car moins dépendants de la main salvatrice de l’homme, en hiver. Ils construisent leurs maisons, inlassablement, parfois au grand dam des résidents secondaires dont ils façonnent les volets et, aux dires de certains, éventrent les toitures ! Le problème, c’est qu’on ne les voit pas forcément au moment de l’acte et après on n’oserait déranger le nouvel habitant des lieux, qui sait à quel être ensorcellé il pourrait appartenir ? Qui habite ici ? Saurait-on nous le dire ? Merci, encore une fois, aux jardiniers-ornithologues qui pour l’heure passent plus de temps à observer les oiseaux qu’à bêcher la terre gelée… D’après vous, qui donc vient habiter notre pommier centenaire ?

F.