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Le Jardin sous l’œil de Khalil Gibran

L’Oeil dit un jour : « je vois au-delà de ces vallées une montagne voilée de brume bleue. N’est-ce pas beau ? »

L’Oreille, ayant entendu cela, prêta l’oreille un moment et dit : « mais où est-elle donc cette montagne ? Je ne l’entends pas. »

Puis la main dit : « En vain j’essaie de la toucher, cette montagne, je ne la trouve pas. »

Le Nez dit à son tour : « Il n’y a pas de montagne ; car je ne peux la sentir. »

L’œil se détourna et les autres se mirent à critiquer cette étrange illusion de l’œil. « Dans l’œil, dirent-ils, il y a certes quelques chose qui défaille. »

                               Khalil Gibran (Le fou)

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Il y a quelque chose qui défaille dans notre perception du jardin. Cette quête improbable qui consisterait à fixer l’instant magique de son éruption végétale. Stromboli est son nom et peut-être n’est-ce pas le hasard s’il se trouve sur une coulée de ce type. N’avez-vous jamais ressenti cette émotion ineffable qui relève d’une osmose de tous nos sens alliés en un instant éphémère à la gloire du jardin ? Le silence du soir qui tombe sur ce presqu’été végétal que les oiseaux saluent de leurs cris enjoués. Et alors qu’une brise caressante salue le promeneur, le voilà surpris de se trouver soudain mêlé aux éléments. Le jardinier est là, couché, faisant corps avec l’onde qui vante les couleurs du peuplier naissant puis il se lève et franchit le cadre improvisé d’une vieille souche pour s’émouvoir de l’érable japonais qui reprend goût à ce monde presque sauvage.

F.

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Commentaires

  • c'est vrai qu'en ce moment cela semble tout à la fois dans les jardins...pas le temps de suivre encore moins de tout voir ou de tout sentir!!!

  • Oui,moments étranges que cette forte sensation de réalité; et en même temps, on rejoint le rêve...
    Cette osmose, des hommes l'ont vécu, mais alors, pas d'avenir! C. Levi-strauss chez les Nambikwara d'Amazonie: "mais cette misère est animée de chuchotements et de rires. Les couples s'étreignent comme dans la nostalgie d'une unité perdue ; les caresses ne s'interrompent pas au passage de l'étranger.On devine chez tous une immense gentillesse, une profonde insouciance, une naïve et charmante satisfaction animale, et, rassemblant ces sentiments divers, quelque chose comme l'expression la plus émouvante et la plus véridique de la tendresse humaine."
    Ah, il s'en passe de belles dans le jardin du massif!

  • C'est beau.....

  • Pour moi ça va ! C'est beau, comme dirait toutankhamon, mais un jour j'ai perçu la même chose !

  • Comme je partage tous ces sentiments étranges... pour moi, c'est une véritable ivresse. D'ailleurs, dans mon petit bouquin de jardin, j'ai écrit une courte pensée qui s'appelle "Ivresse de Mai", que voici:

    Sous ton ciel de lumière, le jardin est en liesse :
    La terre nourricière a tenu sa promesse !
    Tout n'est qu'exubérance, jaillissement et éclat,
    Sublime luxuriance du plus joli des mois !

    Oui, on voudrait arrêter le temps, mais on ne sait pas exactement quand ! Alors tant mieux, on n'y arrivera pas de toute façon... le drame, c'est que d'une année à l'autre on se réjouit pour Mai, et à chacune de ces années on en compte une de plus...
    Amitiés, Michèle

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