Jardin céleste
Ça commence par une certaine lassitude. Arpentant les allées désordonnées, le passager du parc se sent alors désœuvré… Un sentiment que tout artisan de la nature connaît à un moment ou un autre, las d’attendre le soleil ou la pluie, dans ces moments d’exception où le jardin n’appelle pas à la caresse, à une prise en charge qui l’éloignerait encore d’une sauvagerie inexorable. Un temps neutre où se confondent les heures et les nuages. C’est alors que le regard du jardinier se détourne, lui qui par le passé fut un vrai nomade avant de se dire qu’un jour il fallait bien, à force d’exubérance anglaise et d’esthétisme italien, de rigueur française et de dépouillement nippon, inventer à son tour un lieu qui lui ressemblerait. Là, il se remémore les images d’hier et lève les yeux au ciel…
Le jardinier n’est pas surpris, il a tant de fois interrogé ce jardin suspendu. Mais, par paresse ou trop soucieux du présent, il s’est abstenu de tout abandon, laissant à l’azur son secret des massifs embrumés. Ce jour pourtant, en ce non-temps, il s’est risqué à la contemplation, comprenant qu’à ne jamais prêter attention à l’ailleurs, il ratait forcément des rencontres. Les nuances des formes l’étonnèrent.
Quelle vie débordante y avait-il là-haut ? La nébulosité se refermait sur l’immensité azurée comme la neige, souvent, l’hiver sur le Jardin Intime…
Dans cette mer des hautes altitudes, une pieuvre aurait-elle tenté de surprendre ses poursuivants ? Ou, le maître céleste avait-il renversé son encrier trop pressé de publier ses prévisions aux yeux des hommes ? Toujours est-il que le phénomène intriguait.
Le terrien rencontra l’aérien, et le jardinier aux bottes crottées salua Célestin et Célestine qui parcouraient leur domaine sans fin. Abandonnez-vous au destin des hautes sphères, amis jardinautes, vous oublierez les rides que creuse sur vos visages hâlés le souci quotidien.
F. comme Flocon d’avoine
Commentaires
Avez-vous inventé un lieu qui vous ressemble ? Le ciel vous aurait-il inspiré la métamorphose de votre blog ! très poétique.
belles ces photos de nuages!! et que de changement dans le ciel...
Ô !
Bon, ben ça a vachement changé ici! Sommes-nous déjà au paradis, hein? Bleu j'te veux, le ciel, les nuages, ...pis toutes ces phrases pleines de poésie... Pfffffff!
Y doit pas y avoir de séneçons , ni de pissenlits dans ce coin...
Allez, moi je redescend...en plus en ce moment, j'ai des idées très terre-à-terre !
C'est vrai que regarder le ciel, les nuages nous fait voir des tas de jardins bien plus beaux que les jardins terrestres, mais il faut revenir à la réalité et s'occuper de son jardin au mieux
Bises
Etrange, mêmes sensations éprouvés hier au soir sur le petit tabouret au milieu du jardin...Pas un soufle d'air, quelques nuages dodus flamboient à 3000 m, masses noires des arbres statufiés dans un silence épais, puissances tranquilles attendant patiemment l'orage qui ne vient pas; il fait sec, mais à l'automne, on a le temps, la sève se fige et plus rien à prouver...Les cabots gueulent, merci les cabots, c'est que quelque part, quelque bestiole sauvage batifole en liberté; au sud- est, un premier point brillant: Jupiter? Une légère odeur de pin et de menthe...
La fraîcheur descend, bonne nuit à tous.
Que de changements sur ton blog,c'est très aérien et beau
Bises