Jardin du bout de la terre
Penn-ar-bed… Nous aussi nous avons notre Ushuaïa, notre bout du monde, où la nuit les vagues roulent au loin, dans un fracas permanent qui finit par bercer le visiteur. Qu’il est bon de retrouver sa famille dans ces jardins celtes qui, s’ils semblent parfois soumis à la colère impitoyable des éléments, n’en sont pas moins étonnants de luxuriance presque tropicale… Paradoxe finistérien où le pull-over est une seconde peau et où les figuiers s’en donnent à cœur joie, laissant flotter dans l’air la délicate promesse de leurs fruits !
A-t-on jamais vu pareil pays affublé de tant d’hortensias qu’ils devraient en orner le drapeau plutôt sombre en lieu de fleurs d’hermine ! Et quels hortensias, pas ceux rachitiques de chez nous qui en sont encore cette année à donner trois fleurs, courageux végétal tiraillé entre hiver sibérien et été saharien ! Mais là, que dire devant tant de fougue colorée, face à cette vigueur revendicative ? C’est l’hortensia breton, le Bleu du Finistère !
Et puis on trace son chemin dans ce petit paradis aux airs d’Islande et de Cap Code, avec ses maisons en bois qui donnent un nouveau souffle à l’habitat trop codifié de nos lotissements hexagonaux. Ici, pas d’ordre ni de couleur imposés : juste une volonté d’inventer une vie plus proche de la nature et d’abandonner, autant que faire se peut l’ordre établi de nos vies bien rangées. Alors, les palmiers se mêlent de tout cela et caressent les façades de leurs ailes joyeuses…
Nous quittons à pied la maison pour explorer les alentours protégés, sous l’œil vigilant mais non moins épicurien de nos guides fraternels. Les étangs de Trunvel recèlent une belle diversité en matière d’ornithologie. Certes, ce n’est pas la saison des grandes migrations mais, en s’installant dans une des maisons d’observation pour partager le verre de la liberté, le spectacle ne manque pas de charme…
Un ragondin vient nous rendre visite.
Puis nous rentrons pour nous noyer dans la chair délicate des langoustines de Pont-l’Abbé, mais là, c’est privé ou intime, pour parler vrai. Mais au passage, il nous faut franchir un mur de tomates qui ferait parler Mohamed (« si tous les jardiniers ‘appelaient Mohamed », article de l’automne 2009). Qui a dit que les tomates ne s’épanouissaient qu’en Méditerranée ???
Voilà, les jardiniers du Massif sont allés retrouver leur famille du bout du monde, ils ont trempé leurs corps dans l’eau fraîche de l’Atlantique, savouré le soleil moins brûlant de nos étés continentaux, laissé un léger hâle se déposer sur leur peau, entraîné Black Athena au sauvetage des bulots (faut dire qu’elle a peur des vagues ce qui pour une Terre Neuve la fiche un peu mal !) et surtout, surtout…aimé ces soirées festives où la gentillesse retrouvée nous met un jardin dans la tête pour l’éternité ! Alors, un dernier jardin du bout du monde pour la route ?
Bonnes vacances à tous les jardinautes qui s’apprêtent à visiter leur île déserte !
F. comme Flocon d’avoine et M. comme Verveine Sauvage
Commentaires
Such a beautiful and delightful post! GORGEOUS hydrangea!!!
Wishing you a lovely weekend,
Zuzu
Je dirai que cette végétation ne m'est pas inconnue ... Pour l'exotisme, j'espère que tu iras à Roscoff, si ce n'est déjà fait !! .. Quant à tes hortensias, je te trouve bien ingrat avec eux; les rachitiques sont chez moi, rien que des jeunes de l'année. Et pour la petite laine, je n'en ai pas besoin depuis des semaines ... mais j'ai la météo de Rennes, pas celle de Brest ... et ça change tout ... lol
bien vu!bien écrit!c'est agréable une petite visite guidée de son propre jardin!Je tiens cependant à préciser que les figues ont toutes été balayées par le dernier coup de vent et qlq plants de tomates (purple calabash et miel du mexique) ont subi le mêmes sort!
Restent courgettes , concombres et comme nous sommes ds la patrie de la pomme de terre,de bonnes patates nouvelles!MMMmmmh sautées au beurre salé,évidemment! Bises iodées...et salut à Fest-noz!!!
Je m'adapte au Jardin Intime ! Il fait un peu chaud mais la petite famille du Massif prend soin de moi. Que de grands arbres ! Des défilés de tambours dans le ciel ! Des herbes hautes ! Mais qu'ont-ils fait du beurre salé, ici ?
Et quand vous mettez-vous à faire un blog sur les jardins du monde ? Ce serait bien !
Merci à vous deux pour le dépaysement. Bon retour chez vous.
Bonne journée, à très bientôt.
Dimitri en colère : "rachitiques nos hortensias ? vous n'avez pas vu ceux de notre jardin ! et leur rose n'a rien à envier au bleu breton..." tantanne en colère ; "ouais, c'est pas mal la Bretagne mais les couleurs et les lumières de la méditerranée, c'est encore mieux ! Et ja préfère le chant des cigales au son du biniou, na !"
Aventuriers blog- trotters du jardin, soufflez-nous s'il vous plait quelque noir embrun océanique sur le Diois, la sècheresse nous déssèche à nouveau le gosier... et gaffe au vague à l'âme quand le ressac du fest-noz, ivres de binious et de bombardes, vous déposera sur la terre rêche du jardin Intime.
Hier, 5 h du matin; les pious-pious donnent de la voix, enfin un peu de fraîcheur...on lit les dernières nouvelles du parc du Vercors : c'est la fête des 25 ans de la réserve naturelle des hauts plateaux Sud, le paradis terrestre des Eve féministes et des Adam barbus; bouquetins, marmottes, vautours fauves chevelus, déplumés, chauves, tétras-lyre (quel beau nom), et gypaètes rebarbus juvéniles récemment pouponnés, le désert s'anime. Escapades de longues marches en solitaire... vous grimpez péniblement sur le plateau - en automne, c'est fabuleux- faîtes une petite sieste dans un carré d'edelwess (secret), machouillez une herbe amère...moments de grande solitude; vous pensez à peine, à la Dame, aux bêtes libres, aux millions d'années de ce calcaire blanc torturé, à Rien.
Et puis, vous ouvrez l'oeil et vous observez à la perpendiculaire, un vol lent circulaire d'une dizaine de vautours qui vous ont élu la meilleure charogne du plateau, vautour fauve, vautour moine ( celui qui vous donne l'absolution ), vautour pernoptère. Fouilla! nous sommes peu de choses, s'agit pas de mollir sous le soleil de Satan! On bouge le petit doigt, et les voilà qui s'éloignent avec élégance, un peu déçus mais pas désespérés, car ce sont des bêtes très patientes...elles vous aiment, mort.
Terrible pour le petit jardin, l'arrosage sera bientôt interdit.
Kénavo!
Ohhh merci pour le voyage... j'étais un temps avec vous... tout là-bas ! Votre "point de chute" semblait des plus accueillants !